Les tilleuls – Nananère – Pauvre Lelian – Quand j’étais mort – Quand auront fondu les banquises – Arrose les fleurs – En joue – Amante ma jolie – Bow window – J’habite tant de voyages (avec Jamait) – SOS – Menilmanouch’ – Qu’a dit le feu qu’elle a dit l’eau – On leur dira.
(46’04 – Tacet/L’Autre Distribution)
Voilà un disque plein, dense ; à la fois du pur Leprest et sensiblement différent. Plus âpre, plus intime dans son rapport à la vie que le Donne-moi de mes nouvelles d’il y a trois ans [cf. Chorus 53, p. 38], il requiert une attention particulière et ne se laisse pas trop apprivoiser à la première écoute.
Si cela tient en partie à la voix, néanmoins remarquablement gérée par le chanteur et la réalisation (au début d’Arrose les fleurs, on croirait entendre celle de Jean-Roger Caussimon !), il s’agit surtout d’une espèce de mûrissement, d’un pas plus lent au parfum de sagesse, où chaque instant prend toute sa dimension unique de tendresse et d’amour. Une dimension particulièrement palpable dans le dernier morceau, On leur dira (« On dira aux enfants que beau temps mauvais temps / Qui pourrait se vanter d’en avoir vu autant / En évitant les gouttes »), chacun d’entre eux étant dédié : aux proches, aux amis de la chanson, à George W. Bush, aux Communards et même « à Moi », dans un Quand j’étais mort d’humour enlevé.
Ici, hormis indirectement avec Quand auront fondu les banquises, l’engagement politique cède le pas à un centre de gravité plus personnel, celui des voyages intérieurs qu’Allain Leprest évoque en duo avec Jamait (J’habite tant de voyages : « Je le sais c’est notre monde / C’est le cocon des humains / Mais est-ce vraiment le mien ? ») et la seule référence qui tienne est celle d’un poète, un frangin nommé Paul Verlaine (anagramme de Pauvre Lelian). Au final, une moisson précieuse de treize inédits et d’une reprise (Qu’a dit le feu qu’elle a dit l’eau), dans une réalisation cousue main de Thierry Garcia et Didier Pascalis, et des arrangements signés Romain Didier, compositeur de la moitié des mélodies aux côtés de Jehan, Dominique Cravic, Nathalie Miravette, Hervé Legeais, Daniel Lavoie et Lionel Suarez.
Daniel Pantchenko