Rechercher
Coups de coeur Chorus

Olivia Ruiz

Miss M�t�ores

Elle panique – Les crêpes aux champignons – Belle à en crever – Spit the devil – Les météores – Mon petit à petit – When the night comes – Le saule pleureur – Quedate – La mam – Don’t call me madam – Peur du noir – Eight o’clock.
(44’ – Polydor, sortie le 13 avril)

 

La petite flamme-femme est de retour. Brindille d’acier fait toujours fi des regards en coin et des sourires condescendants. Olivia Ruiz, après le festin sucré et triomphal de La Femme chocolat, est encore plus attendue : tant mieux, la pression lui va bien et ce Miss Météores va envoyer la donzelle comme une fusée dans l’espace de ce printemps. Parce que la jeune artiste affirme encore plus son univers, celle d’un(e) piaf du Midi, incandescente et tendre, explosive et émouvante, rugissant en espagnol, vampant en anglais, caressant et touchant en français.
Mise en confiance d’avoir eu deux textes retenus par Juliette Gréco pour le nouvel album de celle-ci, Olivia a tout écrit, laissant deviner ou ressentir les failles et peurs d’une jeune femme d’aujourd’hui. Sans faire la Cosette, elle prend une épaisseur humaine inédite, qu’elle évoque un père parti vite (Le Saule pleureur), ses petites et grosses angoisses (Elle panique, magnifique Mon petit à petit), ou même ses désirs (Belle à en crever). La Lolita, qui a enflammé les scènes de France pendant deux ans et deux cents concerts, a visiblement aussi connu le revers de la médaille du succès : le doute et les trahisons. Plusieurs chansons sont empreintes de ce sentiment diffus.
Derrière sa voix toujours aussi prenante et troublante, tout un Far West de guitares et banjo, de cordes lyriques, de cuivres emballants et d’instruments exotiques qui se baladent toujours juste, comme les invités : les Noisettes, les Coming Soon, les Lonely Drifter Karen et le rappeur canadien Buck 65. Comme sur J’aime pas l’amour [cf. Chorus 46, p. 47], encore plus sur La Femme chocolat [n° 54, p. 27], Olivia Ruiz aime constituer une troupe bordélique qu’on espère déjà sur scène.
Aux manettes de Miss Météores, elle a reformé le trio gagnant avec Mathias Malzieu et Alain Cluzeau, sous la houlette de l’arrangeur Olivier Daviaud. Le Ruiz circus retrouve les atmosphères country-rock rageuses, les volutes hispanisantes mais aussi le rideau rouge du récital. Certains regretteront peut-être le brassage des trois langues sur l’album, comme elle en a pris l’habitude : les cordes de l’Olivia se prêtent aussi tellement bien à ses contrées vocales que la réserve n’est qu’intellectuelle : le plaisir est presque charnel, notamment sur Spit the devil et When the night comes, où la fille de l’Aude se fait gentiment brûlante.
Mais calmons-nous, voulez-vous : Eight o’clock, le dernier titre, se termine… le silence et puis Six mètres, puissant et définitif morceau-fantôme, écrit par « l’oncle » Leprest, slamé par Olivia et Christian Olivier, le poète à la tête raide et à la voix qui donne le frisson. Un pamphlet pour la victoire de tous, ensemble. Une envie de descendre dans la rue avec tous ceux-là. Et chanter.


Yannick Delneste

Le monde change de peau
par Fred Hidalgo lire l'édito